Chroniques du jeu, des joueurs et des matches d’avant.

Pour une esthétique éternelle du football, de ses enjeux, de ses libéros et de ses 5-3-2.

lundi 2 janvier 2012

DER KAISER FRANZ

Un grand calme au buste droit et à la technique impeccable a révolutionné le poste de libéro: Franz Anton Beckenbauer.


Aux brutes épaisses qui faisaient office de dernier rempart jusqu’à son avènement, il a appris que l’on pouvait ne pas se contenter de défendre en bourrin. Sa technique sûre et sobre, capable d’un coup de patte d’éliminer une demi-douzaine d’adversaires afin de placer ses camarades du secteur offensif dans les meilleures dispositions, a révolutionné le rôle de libéro. Avec lui, le dernier défenseur ne se contente plus d’écoper, il participe au jeu. Comme une sorte de « numéro 10 » de l’arrière.

Après sa carrière, il n'est pas devenu agent conseiller
du centre communal d'action sociale de Munich.

Le buste droit, le regard au loin, il éclaire le jeu avec calme et précision. Ses ouvertures, surtout celles signées de l’extérieur du pied droit, sont un régal pour les amateurs de géométrie. Non content de relancer proprement, Beckenbauer vient fréquemment s’intercaler au milieu de terrain. Il sert alors d’agent de transmission principal à la circulation de balle sur les premières relances. Ou va porter le surnombre en perforant les défenses, soit par des dribbles « minimalistes », soit en sollicitant un « une-deux » avec un coéquipier. S’il poursuit l’action jusqu’au bout, il peut même faire parler sa frappe sèche et rugueuse aux 25-30 mètres ou décaler un attaquant mieux placé.



Mais au-delà de sa science du jeu, c’est sa rage de vaincre, son influence sur ses coéquipiers et son mental en acier trempé – que subliment les images de l’épique demi-finale contre l’Italie en 70, qu’il fut contraint de terminer blessé, le bras en écharpe – qui lui vaudront le doux surnom de « Kaiser ». Franz, c’est un capitaine valeureux, irréprochable, extrêmement doué mais dévoué à l’équipe avant tout. Les footballeurs virtuoses sont pléthore. Ceux qui, par leur seule présence, permettent à leurs coéquipiers de se sublimer en toutes circonstances sont beaucoup plus rares. Der Kaiser Franz était de cette trempe.






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