Chroniques du jeu, des joueurs et des matches d’avant.

Pour une esthétique éternelle du football, de ses enjeux, de ses libéros et de ses 5-3-2.

mercredi 4 juillet 2012

PANENKA D'ECOLE(S)

En matière de super prise de risque, tenter un corner direct, dribbler Carlos Mozer de son mauvais pied, ou rentrer dans le stade de Saint-Symphorien en marche arrière, c’est pas mal. Mais le summum du coup de bluff en crampons moulés, c’est la louche sur coup de pied de réparation.




Un geste passé à la postérité un certain soir de finale de l’Euro 1976. Antonin Panenka, élégant milieu de terrain des Bohemians Prague se présente face à Sepp Maier, gardien de la RFA championne du monde et d’Europe et titre. Il lui échoit la responsabilité de tirer le dernier tir aux buts d’une séance qui doit désigner le vainqueur de la compète. S’il marque, c’est gagné.

Le voilà qui se pointe avec sa grosse moustache face au meilleur goal du monde. Grosse prise d’élan. Le stade retient son souffle et s’attend à une tatane de bohémien. Sauf que le petit filou retient son coup de pied au dernier moment et balance un amour de pichenette en plein milieu des cages. Maier avait anticipé sur sa gauche. Il est aux fraises. Le ballon vient mourir tendrement au fond des filets.

Andrea "l'Architetto" Pirlo

Le geste est pur, surprenant, culotté. Le félin tchèque, pas avare, lui offre son nom. Depuis, la « Panenka », donc, revient régulièrement titiller d’envie les techniciens les plus audacieux. Au risque de se gaufrer complètement. Andrea Pirlo a explicitement mis à jour le mode d’emploi en réussissant son geste à la perfection lors du dernier Euro lors de son face à face avec Joe Hart en quart de finale. Le fantasque romain Francesco Totti ou la grande perche uruguayenne Sebastian Abreu, alias « El Loco », en ont fait une spécialité. D’autres ont eu moins de réussite.

Ainsi, un certain Eric Cantona a appris à ses dépens qu’il était peut-être plus prudent de brûler un feu rouge les yeux fermés que de tenter une « Panenka » en coupe de France à Beauvais sur terrain boueux. Mickaël Landreau en finale de la même compète quinze ans plus tard a connu la même déconvenue face au sochalien Richert. Un autre joueur célèbre pour ses publicités Leader Price s’est également pris les pieds dans le tapis au moment de tenter sa petite « Panenka ».

J'adore vous voir énervé.

Il avait face à lui un gardien qui avait été durant de longues saisons son 
coéquipier. Mais au lieu d’une petite louche, c’est une pichenette trop haute et trop tendue qui vint heurter la barre transversale de Gigi Buffon. Non homologuée par le comité des puristes de la Panenka, son penalty est quand même rentré. À quelques mètres de là, le malicieux Materazzi, n’en pensa pas moins.