Chroniques du jeu, des joueurs et des matches d’avant.

Pour une esthétique éternelle du football, de ses enjeux, de ses libéros et de ses 5-3-2.

vendredi 20 avril 2012

A BAS LES CHAUSSETTES !


Rafael Gordillo, Salvatore Bagni, Soren Lerby, Bruno Bellone, Daniel Bertoni, Safet Susic, Jorge « Magico » Gonzalez, Omar Sivori, Delio Onnis : milieux défensifs hargneux, ailiers virevoltants, meneurs de jeu géniaux ou buteurs opportunistes, ces joueurs avaient en commun une certaine propension à baisser la chaussette, ni une ni deux.


Chaussettes baissées et mini-short: vamos a la playa

Question de pratique : le mollet respire mieux à l’air libre. Et le genou n’aime pas quand la chaussette synthétique vient gratter la rotule. Question de style, aussi. Quels que soient leur poste et leur niveau technique, ces aficionados de la chaussette baissée restent dans nos mémoires comme des joueurs à part. Des nonchalants qui jouaient « à la cool », tel qu’on pouvait se le permettre avant l’instauration du pressing permanent sur le porteur de ballon.

Et puis, l’International Board a décidé que les protège-tibias seraient obligatoires sur tous les terrains de football du monde. Qu’il en allait de la santé des joueurs. De leur intégrité physique. Précaution de principe à l’attention des voltigeurs de la balle et autres princes du dribble chaloupé soumis à la constante contrainte du pressing adverse.

Il devint alors difficile de laisser respirer ses chevilles en plein match.
Quelques irréductibles poursuivirent néanmoins l’élégant dessein d’entretien de cet effet stylistique propre aux esthètes qui connut son heure de gloire sous le soleil mexicain de la Coupe du Monde 1986.

Parmi ceux-ci (il y en a beaucoup d’autres*), Rui Costa, Laurent Blanc, Francesco Totti sont les plus fameux représentants de la chaussette à mi - mollet de ces vingt dernières années. Ils sont les plus emblématiques vestiges d’un temps où le placement et le toucher de balle prévalaient sur la puissance et la vitesse. Blanc,  Rui Costa, Totti : trois magnifiques créateurs rendant un précieux tribut à la légende de la « chaussette baissée ».

*Veron, Hleb, Capucho, Camoranesi, Zaïri, Munitis, Aldaïr, Appiah, Ezequiel Gonzalez, Danny….

mercredi 11 avril 2012

LA BARBE DE LA COUPE


Le poil qui pousse permet, parait-il, de « conserver l’influx nerveux ». En termes sportifs, cela se traduit par une superstition qui inflige à qui veut bien y croire que laisser sa pilosité faciale proliférer est de bon augure pour la suite des évènements. Rapport à la dynamique de la victoire...


Une équipe non sponsorisée par Bic.
Les footballeurs n’étant pas les moins superstitieux des sportifs (en tout cas beaucoup plus que les tennismen, que l’on range volontiers dans la catégorie des « moyenstitieux »), ils sont particulièrement enclins à se laisser pousser la barbe tant qu’ils restent en course dans une compète de longue (et mauvaise) haleine.

Cette coutume était régulièrement pratiquée par les équipes en lice en coupe de France à une époque où The Police, Duran Duran et les Talking Heads squattaient le haut des charts. « Tant qu’on gagne, on se rase pas », tel était le mot d’ordre de ces sympathiques bandes de barbus cramponnés.

Une pratique bien désuète à l’heure des footballeurs metrosexuels imberbes.
C’est dire l’anachronisme lorsqu’on observe les Thierry Tusseau, Loïc Amisse, Philippe Thys, Michel Ettore et autres Vahid Halilodzic débouler au Parc un beau soir de printemps avec leurs looks de Robinson Crusoë pour les finales 1983 ou 1984.

On n’imagine pas Samir Nasri, Habib Beye, Jérome Leroy ou Fabien Lemoine se pointer au stade de France avec un collier de barbe de deux mois pour la finale de la coupe de la Ligue. Ou alors, on leur ferait gentiment comprendre qu’il doit y avoir une erreur quelque part et que le championnat des sans-abris, c’est pas au SDF qu'il se joue.

Exemple en images qui bougent : une bande de hippies lorrains met sous l’éteignoir les défiscalisés du Rocher en finale 84 :