Chroniques du jeu, des joueurs et des matches d’avant.

Pour une esthétique éternelle du football, de ses enjeux, de ses libéros et de ses 5-3-2.

jeudi 24 mai 2012

MANFRED KALTZ, JUSTE PARMI LES DURS


Les bourreaux de Séville 82 sous les traits d’un bataillon de l’armée du IIIe Reich : voilà une image issue d’une faille spatio-temporelle qui « fitte » plutôt pas mal comme on dit au Québec. On imagine bien Harald Schumacher piloter un Panzer dans le désert libyen avec à ses côtés un Uli Stielike ravagé par le soleil africain, ivre de haine et de schnaps, le doigt sur la gâchette de l’automitrailleuse...


"Super Manni": avec lui, les enfants rangent
leurs affaires sans moufeter.

D’autres membres du gang teuton de la campagne espagnole ont aussi la gueule de l’emploi. Horst Hrubesh, Karl-Heinz Rumennigge ou Hans-Peter Brigel en officiers de la Luftwaffe en casque à pointe, ouais, ça « fitte ». Alors, RFA 82, une équipe de brutes sanguinaires prête à tout pour parvenir à ses fins, y compris des alliances pangermaniques douteuses et des tacles à la carotide ?

Non, comme dans les belles histoires qu’on va voir au cinéma, il y a bien deux ou trois « justes » pour se désolidariser de la boucherie de Séville. Un Paul Breitner, ennemi intime du Kaiser Franz, hippie patenté et fumeur de havanes ? Un Pierre Littbarski, frêle ailier autant que fin dribbleur, qu’on voit mal dans le rôle du bon aryen ? Oui, mais aussi, et surtout, Manfred Kaltz, valeureux latéral, droit comme un « I », barbu classieux aux remontées de balle soignées. Ce défenseur exemplaire est un modèle du genre, fair-play, sportif, tout ça.

LATÉRAL CLASS HERO

Affilié au HSV Hambourg, son club de (presque) toujours, celui qu’on surnommait « Manni » savait se transformer en « Super Manni » lorsque le feu brulait à la maison. Les passes de l’intérieur du pied, le corps en opposition, le tacle debout, la couverture défensive, les ouvertures stylées, le goût du combat, l’esprit chevaleresque… Un Max Bossis d’Outre-Rhin en quelque sorte, un type qui n’en fait ni trop, ni trop peu, capable de tacles millimétrés comme de centres brossés au second poteau sur la tête de Hrubesch.

Un bien beau joueur qui allait devenir le bourreau récurrent de notre Michel national. Séville 82, donc, (pas la peine d’en rajouter), mais aussi finale de coupe des Champions 83. Par deux fois, Kaltz l’emporta de justesse et causa bien des traumas à « Michele »… Syndrome de Stockholm ? S’il fut l’un des plus valeureux adversaires du numéro 10 de Joeuf, Manfred Kaltz n’en reste pas moins l’un de ces types face à qui les cuisantes défaites rehaussent le goût des victoires à venir.


Et vidéo-bonus, un résumé de la victoire du club de Hambourg, dont Manfred était le capitaine, face à la Juve de Michel Platini en finale de la C1 1983 :