Chroniques du jeu, des joueurs et des matches d’avant.

Pour une esthétique éternelle du football, de ses enjeux, de ses libéros et de ses 5-3-2.

dimanche 15 novembre 2015

« DIEGO » BUCHWALD, LE PROMOTION DU SIECLE

Allemagne – Pays BasCoupe du monde 1990. Sans Siro, Milan.



Frank Rijkaard est un monstre. Défenseur, milieu de terrain, organisateur, stoppeur : sa polyvalence a peu d'égal dans l'histoire du football. Pourtant, ce 24 juin, à Milan, dans ce qui constitue l'affiche de ces huitièmes de finale de la coupe du monde 1990 (égalité avec Brésil-Argentine à Turin), il va trouver son maître en la personne de Guido Buchwald. Depuis les tribunes, le joueur du grand Milan AC d'Arigo Sacchi va subir, impuissant à l'élimination des siens. Pourquoi en tribune ? Car il a pété un cablon. À la 22e minute, il ne résiste pas à la tentation de jeter un crachat bien huileux sur la moquette crânienne de ce diable de Rüdi Völler. Un peu injustement, ce dernier paie aussi dans l'embrouille, puisque l'arbitre montre illico le carton rouge à ces deux joueurs « de caractère ».

Guido défend, Guido attaque, Guido grimace, Guido est grand, suffisamment
grand pour que ses coéquipiers le surnomment "Diego".

Il reste a minima 68 minutes à jouer et le meilleur à venir puisque les deux équipes doivent se réorganiser en conséquence des cette double sortie précoce. Et que les espaces vont s'ouvrir après un début de partie agressif et tendu, comme souvent entre ces deux nations rivales (guerre mondiale 1939, coupe du monde 1974, euro 1988 etc.). Côté hollandais rien ne bouge niveau tactique si ce n'est le recentrage de l'arrière droit Van Aerle dans l'axe de la défense, Winter (demi défensif) et Van't Schip (ailier droit) se relayant pour boucher les trous sur le flanc défensif droit.

Côté allemand, Franz Beckenbauer ambitionne de grandes manœuvres et réorganise le positionnement global de l'équipe qui avait démarré la rencontre en 5-3-2. Le grand Guido Buchwald, généralement dévolu aux tâches défensives, se voit offrir la promotion du siècle : direction l'attaque pour épauler Klinsmann, afin de boucher le trou laissé béant par la sortie du roublard Rüdi. Ce soir-là, dans un stade dont six des vingt-deux acteurs du coup d'envoi connaissent chaque recoin (Klinsmann, Matthäus et Brehme jouent à l'Inter ; Rijkaard, Gullit et Van Basten au Milan AC), c'est lui qui va faire basculer la rencontre.

Avant le "Rüdigate" de la 22e minute
Après l'expulsion, Buchwald est promu "attaquant".





















50 minutes de jeu : le frisé de Stuttgart reçoit un ballon sur le flanc gauche. Deux passements de jambe plus tard, Aaron Winter est enrhumé. Guido le contourne sur sa droite, et centre du pied gauche, au cordeau. Au premier poteau, Klinsmann arrive lancé, dévie la balle de l'extérieur du pied droit devançant Van Aerle comme Van Breukelen : 1-0. Feu « la RFA » peut voir venir. Les Néerlandais ne sont pas dans un grand jour, mais se créent plusieurs occasions de revenir à égalité. Gullit est impuissant, Van't Schip invisible et Van Basten esseulé. Seul Witschge, avec son magnifique pied gauche, apporte un peu (beaucoup!) de classe au « dix » orange.


Evidemment, les Allemands doublent la mise. Mais même pas en contre malgré leur position reculée depuis l'ouverture du score – et les risques pris par les Néerlandais désormais disposés en 2-3-4 avec l'entrée de Wim Kieft – puisque le but du K.-O. arrive au terme d'un corner joué côté droit. Mauvais renvoi sur Berthold qui joue de la tête pour... Buchwald, une fois encore côté gauche de l'attaque allemande (le flanc déserté par les Pays-Bas depuis le recentrage de Van Aerle). Sobrement, cette fois, il alerte en retrait Andreas Brehme qui enroule de l'angle de la surface, du pied droit : 2-0.

Deux semaines plus tard, Buchwald soulèvera la coupe du monde après avoir muselé Maradona en finale. Dans l'ombre, celui qui a bien mérité son surnom de « Diego », aura été l'un des hommes forts d'une Mannschaft solide, réaliste et néanmoins créative - ceci pas seulement grâce à son médiatique trio de l'Inter de Milan: Matthäus, Brehme, Klinsmann.


l'intégrale:


dimanche 1 novembre 2015

LE BOUILLON DU PREMIER MATCH

Italy (vs. Austria WC 90), Rome, 9 juin 1990



Coach: Azeglio Vicni

Rencontre typique entre l'équipe qui débute son Mondial à domicile face et une sélection très inférieure "sur le papier". Résultat: panique devant le but adverse, rien de marqué en 75 minutes et bon gros stress au stade Olympique. Revue d'effectif d'une squadra qui débute timidement sa compétition.


Autriche prudente: à 8 derrière lorsque l'Italie pousse.

Giannini recule fréquemment. Di Napoli est porté vers l'avant: une place pour deux.
Bergomi marquage individuel sur Polster.
Baresi s'intercale au milieu: soyeux.
Carnevale volontaire mais maladroit, précipité.
Maldini prudent, efficace, timide.
De Agostini entre après la pause: passage au losange et couverture du flanc gauche.
Vialli alterne profondeur et jeu en pivot: solide.
Donadoni crée des étincelles. Entente à parfaire avec Giannini.
Schilacci arrive avec à propos pour régler le problème de l'inefficacité devant le but.

Défense solide, bloc assez rigide derrière, normalement souple devant. Manque global de maîtrise. Enthousiasme et idées créatives, mais également grande fébrilité à la construction, déficit de confiance. Tirs précoces, actions non menées à terme.