En matière de super prise de risque, tenter un corner direct, dribbler Carlos Mozer de son mauvais pied, ou rentrer dans le stade de Saint-Symphorien en marche arrière, c’est pas mal. Mais le summum du coup de bluff en crampons moulés, c’est la louche sur coup de pied de réparation.
Un geste passé à la
postérité un certain soir de finale de l’Euro 1976. Antonin Panenka, élégant
milieu de terrain des Bohemians Prague se présente face à Sepp Maier, gardien
de la RFA championne du monde et d’Europe et titre. Il lui échoit la
responsabilité de tirer le dernier tir aux buts d’une séance qui doit désigner
le vainqueur de la compète. S’il marque, c’est gagné.
Le voilà qui se pointe avec
sa grosse moustache face au meilleur goal du monde. Grosse prise d’élan. Le
stade retient son souffle et s’attend à une tatane de bohémien. Sauf que le
petit filou retient son coup de pied au dernier moment et balance un amour de
pichenette en plein milieu des cages. Maier avait anticipé sur sa gauche. Il
est aux fraises. Le ballon vient mourir tendrement au fond des filets.
Andrea "l'Architetto" Pirlo |
Le geste est pur, surprenant,
culotté. Le félin tchèque, pas avare, lui offre son nom. Depuis, la
« Panenka », donc, revient régulièrement titiller d’envie les
techniciens les plus audacieux. Au risque de se gaufrer complètement. Andrea Pirlo a explicitement mis à jour le mode d’emploi en réussissant son geste à
la perfection lors du dernier Euro lors de son face à face avec Joe Hart en
quart de finale. Le fantasque romain Francesco Totti ou la grande perche
uruguayenne Sebastian Abreu, alias « El Loco », en ont fait une
spécialité. D’autres ont eu moins de réussite.
Ainsi, un certain Eric
Cantona a appris à ses dépens qu’il était peut-être plus prudent de brûler un
feu rouge les yeux fermés que de tenter une « Panenka » en coupe de
France à Beauvais sur terrain boueux. Mickaël Landreau en finale de la même
compète quinze ans plus tard a connu la même déconvenue face au sochalien
Richert. Un autre joueur célèbre pour ses publicités Leader Price s’est
également pris les pieds dans le tapis au moment de tenter sa petite
« Panenka ».
Il avait face à lui un
gardien qui avait été durant de longues saisons son
coéquipier. Mais au lieu
d’une petite louche, c’est une pichenette trop haute et trop tendue qui vint
heurter la barre transversale de Gigi Buffon. Non homologuée par le comité des
puristes de la Panenka, son penalty est quand même rentré. À quelques mètres de
là, le malicieux Materazzi, n’en pensa pas moins.