Les bourreaux de Séville 82 sous les traits d’un bataillon de l’armée du IIIe Reich : voilà une image issue d’une faille spatio-temporelle qui « fitte » plutôt pas mal comme on dit au Québec. On imagine bien Harald Schumacher piloter un Panzer dans le désert libyen avec à ses côtés un Uli Stielike ravagé par le soleil africain, ivre de haine et de schnaps, le doigt sur la gâchette de l’automitrailleuse...
"Super Manni": avec lui, les enfants rangent leurs affaires sans moufeter. |
D’autres membres du gang
teuton de la campagne espagnole ont aussi la gueule de l’emploi. Horst Hrubesh,
Karl-Heinz Rumennigge ou Hans-Peter Brigel en officiers de la Luftwaffe en
casque à pointe, ouais, ça « fitte ». Alors, RFA 82, une équipe
de brutes sanguinaires prête à tout pour parvenir à ses fins, y compris des alliances
pangermaniques douteuses et des tacles à la carotide ?
Non, comme dans les belles
histoires qu’on va voir au cinéma, il y a bien deux ou trois
« justes » pour se désolidariser de la boucherie de Séville. Un Paul
Breitner, ennemi intime du Kaiser Franz, hippie patenté et fumeur de
havanes ? Un Pierre Littbarski, frêle ailier autant que fin dribbleur,
qu’on voit mal dans le rôle du bon aryen ? Oui, mais aussi, et surtout,
Manfred Kaltz, valeureux latéral, droit comme un « I », barbu classieux
aux remontées de balle soignées. Ce défenseur exemplaire est un modèle du
genre, fair-play, sportif, tout ça.
LATÉRAL CLASS HERO
Affilié au HSV Hambourg, son
club de (presque) toujours, celui qu’on surnommait « Manni » savait
se transformer en « Super Manni » lorsque le feu brulait à la maison.
Les passes de l’intérieur du pied, le corps en opposition, le tacle debout, la
couverture défensive, les ouvertures stylées, le goût du combat, l’esprit
chevaleresque… Un Max Bossis d’Outre-Rhin en quelque sorte, un type qui n’en
fait ni trop, ni trop peu, capable de tacles millimétrés comme de centres
brossés au second poteau sur la tête de Hrubesch.
Un bien beau joueur qui
allait devenir le bourreau récurrent de notre Michel national. Séville 82, donc,
(pas la peine d’en rajouter), mais aussi finale de coupe des Champions 83. Par
deux fois, Kaltz l’emporta de justesse et causa bien des traumas à
« Michele »… Syndrome de Stockholm ? S’il fut l’un des plus
valeureux adversaires du numéro 10 de Joeuf, Manfred Kaltz n’en reste pas moins
l’un de ces types face à qui les cuisantes défaites rehaussent le goût des
victoires à venir.
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